SURVOL HISTORIQUE DE L’ASTROLOGIE
Posté : mer. 29 juin 2016 01:01
C’est une très ancienne histoire que celle de l’astrologie, si ancienne qu’il n’est pas encore possible de fixer une date, même approximative, à ses débuts, car ils se confondent avec les premiers efforts de l’esprit humain pour trouver un sens à ce monde. Peut-on par exemple considérer comme relevant de l’astrologie les grands sites mégalithiques de Stonehenge et de Carnac ou même les Pyramides parce que certains sont en rapport indiscutable avec les phénomènes célestes ?
Les chercheurs estiment que l’élevage remonte à 8 ou 9 ooo ans, les débuts de l’agriculture (blé et orge) à 7 ooo, l’industrie du cuivre à 6 ooo ans. Vers 4 à 5 000 ans, on trouve la roue de chariot, les premières concentrations urbaines et l’écriture. La doyenne des villes serait Ourouk, en Mésopotamie (Irak et Kurdistan actuels) : elle fut bâtie il y a 5 ooo ans, donc environ 1 ooo ans avant les débuts de la civilisation chinoise. C’était le foyer de la culture sumérienne, culture brillante d’un peuple non sémite, venu par mer on ne sait d’où exactement, peuple policé et organisé qui tenait méticuleusement ses archives, ses contrats sur des plaquettes d’argile.
Or, la caste des prêtres-astronomes-astrologues a consigné sur ces plaquettes les innombrables observations qu’elle faisait de l’état du ciel et des mouvements des astres, et cela pendant plus de 2 000 ans à partir de 3 000 avant J.-C. Au sommet du « ziggourat », ou temple-tour à sept étages peints chacun d’une couleur différente en l’honneur des sept dieux planétaires, on peut s’imaginer le roi, songeur dans sa barbe annelée, attendant du prêtre- astrologue le verdict des planètes pour savoir si les récoltes seraient bonnes ou s’il importait de porter la guerre sur les territoires d’alentour. Les présages, liés initialement a ceux tirés de l’examen du foie des animaux sacrifiés, sont d’ordre général : réservés au roi lui-même et à ses proches, il n’est pas encore question que le bourgeois des villes aille consulter son astrologue personnel.
Les Sumériens quittent la scène vers — 2000, mais sur le même territoire, Babyloniens et Assyriens continuent leur œuvre et font en même temps de grands progrès en astronomie, divisent le cercle en 360°, établissent des éphémérides, etc. La conquête des Mèdes et des Perses ne ralentit rien. Vers 550 av. J.-C. prend définitivement forme le Zodiaque avec les significations qui sont toujours attribuées aux signes. Puis on découvre l’Ascendant. Le plus ancien thème personnel retrouvé à ce jour est celui du fils du roi Shuma-Usur, daté du 29 avril 410 avant notre ère. On dresse le thème d’Alexandre le Grand, né à Pella en Macédoine le 22 juillet 356 av. J.-C. qui eut recours aux astrologues pour fonder sa nouvelle capitale, Alexandrie d’Égypte, le 16 avril — 330 à 13 h 30. Vers — 280, le prêtre babylonien Bérose établit dans l’île de Cos une école où les Grecs viennent se perfectionner. Les philosophes stoïciens en particulier répandent l’astro¬logie.
L’astrologie égyptienne : s’était très tôt différenciée de l’astrologie babylonienne. Elle semble s’être beaucoup moins occupée du cours réel des astres et consistait surtout dans l’emploi du calendrier thébaïque. Chaque année, chaque mois, chaque décan, chaque jour et chaque heure étaient placés sous l’égide d’une divinité favorable ou funeste, de façon invariable, créant ainsi un fatalisme irrémédiable.
Les conquêtes d’Alexandre le Grand, jusqu’aux frontières des Indes, ont entraîné un brassage inouï des civilisations et des idées. C’est à Alexandrie d’Égypte que cette brillante floraison intellectuelle se concentre, surtout avec les néo-platoniciens. L’astrologie prospère dans cette Égypte hellénisée : c’est de cette époque que date le fameux zodiaque de Denderah qu’on a longtemps cru beaucoup plus ancien. Le grand Ptolémée (90-168 après J.-C.) codifie dans ses ouvrages, encore réédités de nos jours, toutes les connaissances astronomiques et astro¬logiques de son temps.
L’astrologie à Rome : fut une doctrine d’importation tardive. C’est à la fin de la République qu’elle y pénétra grâce à l’afflux des esclaves orientaux et des intellectuels grecs, et suscita de vives polémiques. Mais elle atteignit son triomphe avec les premiers Césars entre — 30 et -f- 100. On connaît à ce sujet maintes anecdotes que nous ne pouvons citer. Attaquée par Cicéron, mais défendue et pratiquée par Virgile, Sénèque, Horace, Ovide, Manilius, le sénateur astrologue Firmicus Maternus, elle prit une place énorme dans la vie quotidienne. Mais elle s’imprégna de superstition et de magie et les charlatans pullulaient au coin des rues. Pourtant le sage empereur Titus lui-même la pratiqua...
L’astrologie chez les Hébreux : La sévérité de leurs principes religieux les rendit hostiles à l’astrologie pratiquée par les peuples environnants. Toutefois on trouve * dans la Bible plusieurs passages qui admettent une influence astrale : Genèse (I, 14 et 15), Job (38, 33), l’Ecclésiaste (III, 3/8), Daniel (IV, 6). Ce n’est qu’après
le début de l’ère chrétienne que l’on trouve de nombreux juifs parmi les théoriciens et praticiens de l’astrologie, d’abord chez les Esséniens puis mêlée aux complications de la Kabbale.
L’astrologie et le christianisme : Saint Paul et les premiers chrétiens combattirent l’astrologie comme trop empreinte de fatalisme. Pendant une longue période elle eut à souffrir de la lutte pour le pouvoir qui s’engagea entre les tenants de l’ancienne religion païenne et les chrétiens. L’empereur Constantin eut néanmoins recours aux astrologues pour édifier sa capitale, Constantinople, le 26 novembre 326. Mais peu après, saint Augustin renonça à l’astrologie après de nombreuses hésitations. Sur un plan intellectuel et philosophique, l’astrologie allait cependant trouver de nombreux arguments avec les philosophes néoplatoniciens, notamment Plotin et Jamblique.
Écartée du nouveau monde romain, elle trouve refuge à Byzance (ex-Constantinople). L’empereur Justinien, au vie siècle, punit de mort son exercice, mais deux siècles plus tard, on l’enseignera officiellement.
Le Moyen Age chrétien : Après Charlemagne, c’est un assombrissement général. Sous le coup des grandes invasions, le savoir se réfugie dans les monastères. Cependant le moine Gerbert, devenu le pape Sylvestre II, accepte une astrologie « naturelle » mais non prévisionnelle. A Tolède, les moines traduisent en latin les textes anciens, et cela aboutit à une nouvelle poussée de l’astrologie, à partir du xne siècle, notamment avec saint Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Roger Bacon et les scolastiques. L’art des cathédrales lui-même est imprégné d’astrologie, tant dans leur orientation vers le soleil que dans leurs nombreux symboles liturgiques. Certains proposeront même de remplacer les symboles des douze signes par les douze apôtres ! Le mystique Maître Eckhart essaie de christianiser les dieux planétaires du paganisme toujours vivace.
Les Arabes : Du vme au xve siècle, les Arabes ont joué un rôle important. Très bons astronomes et calculateurs, ils n’ont pas eu d’idées personnelles mais ont repris les œuvres des siècles passés et les traditions syriennes, juives et persanes. Leur influence a couvert les pays, depuis le Turkestan jusqu’à l’Espagne et» leur astrologie a fleuri à la cour des Khalifes, de Bagdad à Grenade. Mais elle s’est par trop imprégnée de recettes magiques, talismaniques et surtout de fatalisme. Certains des grands astrologues arabes étaient des juifs, familiarisés avec la Kabbale. Ils n’ont plus rien apporté après le xve siècle.
L’âge d’or de l’Astrologie (1450-1659)
Pendant ces deux siècles, elle atteint un développement inégalé. Enseignée régulièrement dans de nombreuses universités, elle est aussi reconnue et utilisée par de nom¬breux souverains, princes, papes et évêques. On traduit et réédite les œuvres des philosophes grecs, débarrassés des apports arabes. La Renaissance a été aussi celle de l’astrologie et, grâce à l’imprimerie, les traités savants se répandent, aussi bien que l’astrologie populaire et agricole avec le fameux Kalendrier des Bergiers. Citons Paracelse (1493-1541) alchimiste et médecin, Cardan (1501-1576) inventeur du joint qui porte son nom, Giordano Bruno, Regiomontanus. Les grands astronomes croient à l’astrologie : Copernic, Galilée, Tychobrahé et Képler, ces trois derniers la pratiquent et les idées de Képler sont encore à la base d’une astrologie à tendances spiritualistes. Les papes Paul II, Sixte IV, Alexandre VI et Léon X soutiennent l’astrologie, Léon X crée même une chaire d’astrologie en 1520. Mais plus tard, en 1563, le Concile de Trente l’interdit, ce qui n’empêche pas l’ouvrage de Junctin, provincial des carmélites, de paraître en 1580 avec l’approbation de l’Église ! Sixte V (1586) et Urbain VIII (1631) renforcent l’interdit, mais les princes ne le respectent pas. C’est l’époque de Nostradamus, plus voyant qu’astrologue et de tous les astrologues et mages qui ont gravité autour de Catherine de Médicis, l’évêque Luc Gauric, Oger Ferrier, etc.
Le déclin de l’Astrologie (1650-1900)
Avec les idées nouvelles de Copernic et de Galilée, bien des choses s’écroulèrent : la Terre n’était plus le centre de l’univers, s’effaçant devant le Soleil. Certes Galilée (1564-1642) écrivit lui-même que les nouvelles lois de l’astronomie ne modifiaient en rien les bases astrologiques. Mais cela ébranla néanmoins la conviction des savants. Survint Descartes et son rationalisme sec qui ne pouvait qu’être contraire à une science aux effets non mesurables. Les astrologues firent figure d’attardés. Morin de Villefranche, qui dressa le thème de Louis XIV à sa naissance et fut consulté par Richelieu et Mazarin, était professeur au Collège de France (une partie de son œuvre est toujours éditée). A sa mort en 1656, on ne le remplaça pas. Dix ans plus tard, Colbert porta le coup de grâce en faisant défense expresse aux astronomes officiels et aux membres de l’académie des sciences de s’occuper d’astrologie. La défense du pain quotidien est donc à la base d’un ostracisme qui dure encore... Autour de nous, on était moins sévère : Sir John Flamsteed, premier astronome royal d’Angleterre et astrologue, dressa un thème pour déterminer l’instant propice à la construction de l’observatoire de Greenwich : ce fut le 10 août 1675 à 3 h 14 du soir. Reconnaissons la justesse de l’instant choisi, car Greenwich est encore le siège incontesté de l’astronomie mondiale pour la fixation de l’heure !
Le fossé creusé entre l’astrologie et l’astronomie alla s’élargissant, Voltaire et les Encyclopédistes, ultra- rationnels et matérialistes y contribuèrent puissamment. En Allemagne, à l’Université d’Iéna, il y eut une chaire d’astrologie jusqu’en 1836. Seuls quelques esprits indépendants osaient proclamer ouvertement leur foi en
l’astrologie : Goethe et Balzac furent de ceux-là. On a pu dire qu’en 1875, il n’y avait pas dans toute l’Europe plus de vingt personnes capables d’établir et d’interpréter une carte du ciel. Les moyens leur manquaient d ailleurs, car on n’éditait plus de tables de positions planétaires et il fallait de longs calculs.
La Résurrection de l’astrologie : (1900 à ...)
Certes, il s’était maintenu contre vents et marées, en Angleterre, un courant de publications et d’almanachs astrologiques (Raphaël, Zadkiel, Alan Léo) pendant le xixe siècle. Le succès du spiritisme, les fouilles d Égypte et de Mésopotamie révélant les mystères des anciens cultes, les contacts avec la littérature sacrée de l’Inde, tout cela a favorisé, à partir de 1875, un renouveau de ce que l’on appela les sciences secrètes. En 1895, paraît en France, le premier traité d’astrologie (après plus de 150 ans d’interruption). Le suivant sera l’œuvre d’un prêtre, l’abbé Nicoullaud, curé de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, sous le nom de Fomalhaut.
L’impulsion était donnée : le polytechnicien Paul Choisnard consacra pendant 40 ans de nombreux ouvrages à l’astrologie. En Angleterre, en Allemagne, aux États- Unis les chercheurs se multiplièrent. A partir de 1935, le public était touché par de nombreux articles et surtout par le début des horoscopes de presse qui eurent tout au moins le mérite de sensibiliser les foules.
Nouvelle crise en Allemagne en 1941 '■ Hitler, après avoir encouragé les astrologues, les persécuta dès qu ils osèrent envisager son déclin. Mais depuis 1945, le mouvement astrologique mondial a repris une force et un développement irrésistibles. Les astrologues de tous les pays confrontent leurs travaux au sein de nombreuses associations et dans des publications sérieuses. L introduction récente des thèmes sur ordinateurs a suscité
de vives polémiques, mais a permis d’intéressantes statistiques et a attiré un public qui, sans cela, n’aurait pas osé prendre contact avec les astrologues.
La tâche de ces derniers est rude, car s’ils bénéficient de la bienveillance d’une grande partie du public, surtout parmi les jeunes générations, ils doivent lutter à la fois contre le charlatanisme et contre l’hostilité des
savants officiels. L’astrologie, fort appréciée — en secret
par de nombreuses personnalités, ne sera remise à sa juste place que lorsque nul ne pourra s’intituler astrologue sans justifier d un minimum de connaissances psycho¬logiques et astrologiques.
C’est d’ailleurs à quoi s’emploient le Centre International d’Astrologie (siège social, 6, rue Las Cases, Paris, VIIe) et le Centre d’Études et de Formation Astrologiques, leur but essentiel étant la reconnaissance officielle de l’astrologie et la délivrance d’un diplôme justifiant de sérieuses études.
Les chercheurs estiment que l’élevage remonte à 8 ou 9 ooo ans, les débuts de l’agriculture (blé et orge) à 7 ooo, l’industrie du cuivre à 6 ooo ans. Vers 4 à 5 000 ans, on trouve la roue de chariot, les premières concentrations urbaines et l’écriture. La doyenne des villes serait Ourouk, en Mésopotamie (Irak et Kurdistan actuels) : elle fut bâtie il y a 5 ooo ans, donc environ 1 ooo ans avant les débuts de la civilisation chinoise. C’était le foyer de la culture sumérienne, culture brillante d’un peuple non sémite, venu par mer on ne sait d’où exactement, peuple policé et organisé qui tenait méticuleusement ses archives, ses contrats sur des plaquettes d’argile.
Or, la caste des prêtres-astronomes-astrologues a consigné sur ces plaquettes les innombrables observations qu’elle faisait de l’état du ciel et des mouvements des astres, et cela pendant plus de 2 000 ans à partir de 3 000 avant J.-C. Au sommet du « ziggourat », ou temple-tour à sept étages peints chacun d’une couleur différente en l’honneur des sept dieux planétaires, on peut s’imaginer le roi, songeur dans sa barbe annelée, attendant du prêtre- astrologue le verdict des planètes pour savoir si les récoltes seraient bonnes ou s’il importait de porter la guerre sur les territoires d’alentour. Les présages, liés initialement a ceux tirés de l’examen du foie des animaux sacrifiés, sont d’ordre général : réservés au roi lui-même et à ses proches, il n’est pas encore question que le bourgeois des villes aille consulter son astrologue personnel.
Les Sumériens quittent la scène vers — 2000, mais sur le même territoire, Babyloniens et Assyriens continuent leur œuvre et font en même temps de grands progrès en astronomie, divisent le cercle en 360°, établissent des éphémérides, etc. La conquête des Mèdes et des Perses ne ralentit rien. Vers 550 av. J.-C. prend définitivement forme le Zodiaque avec les significations qui sont toujours attribuées aux signes. Puis on découvre l’Ascendant. Le plus ancien thème personnel retrouvé à ce jour est celui du fils du roi Shuma-Usur, daté du 29 avril 410 avant notre ère. On dresse le thème d’Alexandre le Grand, né à Pella en Macédoine le 22 juillet 356 av. J.-C. qui eut recours aux astrologues pour fonder sa nouvelle capitale, Alexandrie d’Égypte, le 16 avril — 330 à 13 h 30. Vers — 280, le prêtre babylonien Bérose établit dans l’île de Cos une école où les Grecs viennent se perfectionner. Les philosophes stoïciens en particulier répandent l’astro¬logie.
L’astrologie égyptienne : s’était très tôt différenciée de l’astrologie babylonienne. Elle semble s’être beaucoup moins occupée du cours réel des astres et consistait surtout dans l’emploi du calendrier thébaïque. Chaque année, chaque mois, chaque décan, chaque jour et chaque heure étaient placés sous l’égide d’une divinité favorable ou funeste, de façon invariable, créant ainsi un fatalisme irrémédiable.
Les conquêtes d’Alexandre le Grand, jusqu’aux frontières des Indes, ont entraîné un brassage inouï des civilisations et des idées. C’est à Alexandrie d’Égypte que cette brillante floraison intellectuelle se concentre, surtout avec les néo-platoniciens. L’astrologie prospère dans cette Égypte hellénisée : c’est de cette époque que date le fameux zodiaque de Denderah qu’on a longtemps cru beaucoup plus ancien. Le grand Ptolémée (90-168 après J.-C.) codifie dans ses ouvrages, encore réédités de nos jours, toutes les connaissances astronomiques et astro¬logiques de son temps.
L’astrologie à Rome : fut une doctrine d’importation tardive. C’est à la fin de la République qu’elle y pénétra grâce à l’afflux des esclaves orientaux et des intellectuels grecs, et suscita de vives polémiques. Mais elle atteignit son triomphe avec les premiers Césars entre — 30 et -f- 100. On connaît à ce sujet maintes anecdotes que nous ne pouvons citer. Attaquée par Cicéron, mais défendue et pratiquée par Virgile, Sénèque, Horace, Ovide, Manilius, le sénateur astrologue Firmicus Maternus, elle prit une place énorme dans la vie quotidienne. Mais elle s’imprégna de superstition et de magie et les charlatans pullulaient au coin des rues. Pourtant le sage empereur Titus lui-même la pratiqua...
L’astrologie chez les Hébreux : La sévérité de leurs principes religieux les rendit hostiles à l’astrologie pratiquée par les peuples environnants. Toutefois on trouve * dans la Bible plusieurs passages qui admettent une influence astrale : Genèse (I, 14 et 15), Job (38, 33), l’Ecclésiaste (III, 3/8), Daniel (IV, 6). Ce n’est qu’après
le début de l’ère chrétienne que l’on trouve de nombreux juifs parmi les théoriciens et praticiens de l’astrologie, d’abord chez les Esséniens puis mêlée aux complications de la Kabbale.
L’astrologie et le christianisme : Saint Paul et les premiers chrétiens combattirent l’astrologie comme trop empreinte de fatalisme. Pendant une longue période elle eut à souffrir de la lutte pour le pouvoir qui s’engagea entre les tenants de l’ancienne religion païenne et les chrétiens. L’empereur Constantin eut néanmoins recours aux astrologues pour édifier sa capitale, Constantinople, le 26 novembre 326. Mais peu après, saint Augustin renonça à l’astrologie après de nombreuses hésitations. Sur un plan intellectuel et philosophique, l’astrologie allait cependant trouver de nombreux arguments avec les philosophes néoplatoniciens, notamment Plotin et Jamblique.
Écartée du nouveau monde romain, elle trouve refuge à Byzance (ex-Constantinople). L’empereur Justinien, au vie siècle, punit de mort son exercice, mais deux siècles plus tard, on l’enseignera officiellement.
Le Moyen Age chrétien : Après Charlemagne, c’est un assombrissement général. Sous le coup des grandes invasions, le savoir se réfugie dans les monastères. Cependant le moine Gerbert, devenu le pape Sylvestre II, accepte une astrologie « naturelle » mais non prévisionnelle. A Tolède, les moines traduisent en latin les textes anciens, et cela aboutit à une nouvelle poussée de l’astrologie, à partir du xne siècle, notamment avec saint Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Roger Bacon et les scolastiques. L’art des cathédrales lui-même est imprégné d’astrologie, tant dans leur orientation vers le soleil que dans leurs nombreux symboles liturgiques. Certains proposeront même de remplacer les symboles des douze signes par les douze apôtres ! Le mystique Maître Eckhart essaie de christianiser les dieux planétaires du paganisme toujours vivace.
Les Arabes : Du vme au xve siècle, les Arabes ont joué un rôle important. Très bons astronomes et calculateurs, ils n’ont pas eu d’idées personnelles mais ont repris les œuvres des siècles passés et les traditions syriennes, juives et persanes. Leur influence a couvert les pays, depuis le Turkestan jusqu’à l’Espagne et» leur astrologie a fleuri à la cour des Khalifes, de Bagdad à Grenade. Mais elle s’est par trop imprégnée de recettes magiques, talismaniques et surtout de fatalisme. Certains des grands astrologues arabes étaient des juifs, familiarisés avec la Kabbale. Ils n’ont plus rien apporté après le xve siècle.
L’âge d’or de l’Astrologie (1450-1659)
Pendant ces deux siècles, elle atteint un développement inégalé. Enseignée régulièrement dans de nombreuses universités, elle est aussi reconnue et utilisée par de nom¬breux souverains, princes, papes et évêques. On traduit et réédite les œuvres des philosophes grecs, débarrassés des apports arabes. La Renaissance a été aussi celle de l’astrologie et, grâce à l’imprimerie, les traités savants se répandent, aussi bien que l’astrologie populaire et agricole avec le fameux Kalendrier des Bergiers. Citons Paracelse (1493-1541) alchimiste et médecin, Cardan (1501-1576) inventeur du joint qui porte son nom, Giordano Bruno, Regiomontanus. Les grands astronomes croient à l’astrologie : Copernic, Galilée, Tychobrahé et Képler, ces trois derniers la pratiquent et les idées de Képler sont encore à la base d’une astrologie à tendances spiritualistes. Les papes Paul II, Sixte IV, Alexandre VI et Léon X soutiennent l’astrologie, Léon X crée même une chaire d’astrologie en 1520. Mais plus tard, en 1563, le Concile de Trente l’interdit, ce qui n’empêche pas l’ouvrage de Junctin, provincial des carmélites, de paraître en 1580 avec l’approbation de l’Église ! Sixte V (1586) et Urbain VIII (1631) renforcent l’interdit, mais les princes ne le respectent pas. C’est l’époque de Nostradamus, plus voyant qu’astrologue et de tous les astrologues et mages qui ont gravité autour de Catherine de Médicis, l’évêque Luc Gauric, Oger Ferrier, etc.
Le déclin de l’Astrologie (1650-1900)
Avec les idées nouvelles de Copernic et de Galilée, bien des choses s’écroulèrent : la Terre n’était plus le centre de l’univers, s’effaçant devant le Soleil. Certes Galilée (1564-1642) écrivit lui-même que les nouvelles lois de l’astronomie ne modifiaient en rien les bases astrologiques. Mais cela ébranla néanmoins la conviction des savants. Survint Descartes et son rationalisme sec qui ne pouvait qu’être contraire à une science aux effets non mesurables. Les astrologues firent figure d’attardés. Morin de Villefranche, qui dressa le thème de Louis XIV à sa naissance et fut consulté par Richelieu et Mazarin, était professeur au Collège de France (une partie de son œuvre est toujours éditée). A sa mort en 1656, on ne le remplaça pas. Dix ans plus tard, Colbert porta le coup de grâce en faisant défense expresse aux astronomes officiels et aux membres de l’académie des sciences de s’occuper d’astrologie. La défense du pain quotidien est donc à la base d’un ostracisme qui dure encore... Autour de nous, on était moins sévère : Sir John Flamsteed, premier astronome royal d’Angleterre et astrologue, dressa un thème pour déterminer l’instant propice à la construction de l’observatoire de Greenwich : ce fut le 10 août 1675 à 3 h 14 du soir. Reconnaissons la justesse de l’instant choisi, car Greenwich est encore le siège incontesté de l’astronomie mondiale pour la fixation de l’heure !
Le fossé creusé entre l’astrologie et l’astronomie alla s’élargissant, Voltaire et les Encyclopédistes, ultra- rationnels et matérialistes y contribuèrent puissamment. En Allemagne, à l’Université d’Iéna, il y eut une chaire d’astrologie jusqu’en 1836. Seuls quelques esprits indépendants osaient proclamer ouvertement leur foi en
l’astrologie : Goethe et Balzac furent de ceux-là. On a pu dire qu’en 1875, il n’y avait pas dans toute l’Europe plus de vingt personnes capables d’établir et d’interpréter une carte du ciel. Les moyens leur manquaient d ailleurs, car on n’éditait plus de tables de positions planétaires et il fallait de longs calculs.
La Résurrection de l’astrologie : (1900 à ...)
Certes, il s’était maintenu contre vents et marées, en Angleterre, un courant de publications et d’almanachs astrologiques (Raphaël, Zadkiel, Alan Léo) pendant le xixe siècle. Le succès du spiritisme, les fouilles d Égypte et de Mésopotamie révélant les mystères des anciens cultes, les contacts avec la littérature sacrée de l’Inde, tout cela a favorisé, à partir de 1875, un renouveau de ce que l’on appela les sciences secrètes. En 1895, paraît en France, le premier traité d’astrologie (après plus de 150 ans d’interruption). Le suivant sera l’œuvre d’un prêtre, l’abbé Nicoullaud, curé de Saint-Étienne-du-Mont à Paris, sous le nom de Fomalhaut.
L’impulsion était donnée : le polytechnicien Paul Choisnard consacra pendant 40 ans de nombreux ouvrages à l’astrologie. En Angleterre, en Allemagne, aux États- Unis les chercheurs se multiplièrent. A partir de 1935, le public était touché par de nombreux articles et surtout par le début des horoscopes de presse qui eurent tout au moins le mérite de sensibiliser les foules.
Nouvelle crise en Allemagne en 1941 '■ Hitler, après avoir encouragé les astrologues, les persécuta dès qu ils osèrent envisager son déclin. Mais depuis 1945, le mouvement astrologique mondial a repris une force et un développement irrésistibles. Les astrologues de tous les pays confrontent leurs travaux au sein de nombreuses associations et dans des publications sérieuses. L introduction récente des thèmes sur ordinateurs a suscité
de vives polémiques, mais a permis d’intéressantes statistiques et a attiré un public qui, sans cela, n’aurait pas osé prendre contact avec les astrologues.
La tâche de ces derniers est rude, car s’ils bénéficient de la bienveillance d’une grande partie du public, surtout parmi les jeunes générations, ils doivent lutter à la fois contre le charlatanisme et contre l’hostilité des
savants officiels. L’astrologie, fort appréciée — en secret
par de nombreuses personnalités, ne sera remise à sa juste place que lorsque nul ne pourra s’intituler astrologue sans justifier d un minimum de connaissances psycho¬logiques et astrologiques.
C’est d’ailleurs à quoi s’emploient le Centre International d’Astrologie (siège social, 6, rue Las Cases, Paris, VIIe) et le Centre d’Études et de Formation Astrologiques, leur but essentiel étant la reconnaissance officielle de l’astrologie et la délivrance d’un diplôme justifiant de sérieuses études.